Lundi 6 octobre 1997
Nuit brève et agitée.
Dés le lever j'appelle le service des soins intensifs pour avoir des nouvelles.
Pour l'instant état stable, la fièvre semble vouloir régresser mais l'oxygénation est difficile.
Je demande les heures de visite, ça ne sera pas possible pour moi aujourd'hui.
Dans la matinée je prépare une "gazette" que je porterais au compagnon de François à la pause déjeuner.
J'y raconte le week end chez mes parents et deux trois broutilles sur le ton humoristique et cynique qu'on aime.
Son compagnon a appris qu'il y avait dans certaines chambres des magnétoscopes, il fait donc une sélection des films fétiches de François.
Le midi on mange un bout vite fait ensemble, je lui donne ma gazette, il part l'air sombre et je retourne vers mes élèves... Ils n'ont pas intérêt à broncher, je ne suis pas d'humeur à les supporter. Le soir on devrait manger ensemble le compagnon de François et moi, je passerais donc faire quelques courses histoire de lui préparer un repas sympa.
Quand il arrive, je sais que les nouvelles sont mauvaises. Il a le visage complètement fermé... François tousse à fendre l'âme, il peine a retrouver son souffle entre chaque quinte. Les médecins lui ont réinstaller la machine qu'on connaît déjà, il tousse un peu moins avec mais la supporte très mal à cause des hauts le coeur et de la gène qu'elle occasionne. Il ne peut, bien entendu, plus parler. La seule bonne nouvelle est que ses poumons ne se durcissent pas autant qu'ils le craignaient au départ, un dernier examen est encourageant, s'ils arrivent à stopper ce satané virus rapidement il n'aura pratiquement pas de séquelles respiratoires, pour la vue la rétine est un peu touchée mais pareil ça reste raisonnable, le foie lui peut être aussi attaqué par le CMV c'est donc un élément de plus à surveiller de près. François semble bien réagir au traitement mais c'est une sacrée saloperie, ça peut lui flinguer les reins, baisser fortement le taux de potassium (donc risque cardio-vasculaire), le calcium (troubles de la coagulation, comme son taux de plaquette est déjà faible c'est pas une bonne nouvelle),et le magnésium (risque de contractures musculaires et d'arythmie cardiaque). Ils n'arrêtent pas de le piquer pour contrôler tel taux, tel autre etc... Il est branché de partout, ça bip sans arrêt. Il a le regard complètement paniqué. C'est bien pire à supporter semble t il que le coma artificiel.
On se quitte en ne sachant trop où on va...
Les médecins ont prévenu qu'ils ne pouvaient donner de délai de guérison car ce virus comporte beaucoup de variations et s'associe facilement à d'autres qu'il trouve en chemin en les activant ou réactivant, c'est donc assez imprévisible. Quand on pense que la gens non-immunodéprimés le chope souvent sans même s'en apercevoir et que là il peut en mourir. Puisque parfois il colonise tout l'organisme et empêche toute survie...
Il ne reste qu'une chose à faire, attendre et prier ou croiser les doigts selon ses convictions...
C'est terrible ton histoire,
C'est terrible ton histoire, je ne sais pas trop quoi dire, mais j'imagine que ça doit te faire du bien de sortir tout ça, même 10 ans après...
Alors des pensées à toi et au retour prochain des anecdotes plus légères après la catharsis...
En effet ça a été difficile
En effet ça a été difficile comme période.
Bref, car 3 mois c'est bien peu même si ça semble parfois une éternité, mais intense.
En effet ça me fait du bien de "sortir" tout ça, je n'ai jamais tout raconté, juste des bribes, mais là il faut que ça sorte, alors j'ai repris mes petits agendas où je note tout quotidiennement (encore aujourd'hui), pas un journal, juste quelques mots, des impressions, les rendez vous bien entendu, etc... histoire de garder une trace et j'ai retranscrit en langage humain mes pattes de mouche.
De temps à autre je m'y replonge soit à la recherche d'une info précise soit au hasard comme ça, pour le plaisir ou au hasard d'un déménagement par exemple... Je fais ça depuis 23 ans, donc 23 petits calepins qui me suivent, sans doute obscurs pour les autres mais disert et limpide pour moi, du moins tant qu'Alzheimer ne me touche pas, si elle arrive je serais comme les autres...
j'ai pu laisser un
j'ai pu laisser un commentaire sur ton blog sans m'inscrire.
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merci à toi.
@fançois, j'ai envoyé la
@fançois, j'ai envoyé la réponse par mail ;)